Concours d’architecture
Extension du collège de Longereuse
Commune de Val-de-Travers – Canton de Neuchâtel
En prémices et en hommage à l’architecte Aldo Rossi, le fondement du projet prend sa source à partir du « double sens du mot “temps”, à la fois phénomène atmosphérique et phénomène chronologique. Il est un principe qui préside à toute construction; c’est ce double aspect de l’énergie que je perçois désormais clairement dans l’architecture, comme il est possible de le percevoir dans d’autres techniques ou d’autres arts».*1 Dès lors, il s’agit de s’intéresser et de se ques- tionner sur cette temporalité en ce lieu ainsi que de sa préexistence.
Le collège Jean-Jacques Rousseau, construit en 1968 par l’archi- tecte Fleurisan Louis Jeanneret, s’inscrit dans une histoire marquée par des faits d’agrandissements et de transformations. Cette coexistence entre différents corps de bâtiments et d’époques interroge, mais à la fois évoque ce terme de permanence. Quel élément spatial et caractériel subsiste au sein de cet endroit?
Il semble que le vide soit le meilleur atout, c’est-à-dire l’espace qui tient et relie les différentes parties de l’école. De manière plus concrète, la cour existante créée par la construction originelle et son agrandissement serait peut-être « le bourgeon » du projet.
Ainsi, cette nouvelle infrastructure scolaire de deux niveaux prend place devant le collège et se relationne à l’existant au travers de deux cours. Des espaces extérieurs et tenus se créent au bénéfice des institutions préscolaires et secondaires. Ces patios offrent de la lumière naturelle et des dégagements visuels à l’ensemble des programmes qui gravitent autour. De grands arbres plantés offriront des surfaces ombragées accom- pagnées d’un sol en copeaux de bois. Des éléments singuliers participeront au caractère de ces cours et comme traces du passé.
À l’image de la sculpture existante de Jean-Clause Reussner qui pourrait être déplacée dans la cour du secondaire. Le vitrail de Lermite trouverait sa place dans le hall prin-
cipal et participerait à nouveau au quotidien de l’école. Cette nouvelle construction vient également créer un front bâti sur la place Longereuse afin de renforcer le caractère et l’identité de ce lieu. Cet espace public qui est à la fois lieu pour la traditionnelle fête de l’abbaye et parking se ver- ra renforcé et se rattachera à une nouvelle image du collège. De ce fait, le complexe scolaire affirmera sa présence au sein du village de Fleurier et auprès de la communauté. De manière sous-jacente, cette implantation répond également à une volon- té d’exclure toute construction de l’autre côté de la route.
Ce parti-pris se base sur une volonté d’économie de terrain et de relation avec l’école primaire située à l’est du site. Cette vision offre une plus grande richesse de possibilités pour le développement futur. Les différentes étapes de construction cor- respondent au processus souhaité par le maître d’ouvrage : une première cour du côté de la rue de la Place d’Armes se consti- tue autour des programmes prévus dans la configuration minimale.
Au rez-de-chaussée, on retrouve la partie préscolaire, l’entrée principale et le réfectoire. La crèche est desservie par une entrée indépendante et dispose de manière exclusive de l’en- semble de la cour. À l’étage, l’espace scolaire autonome prend place et se lie à l’infrastructure existante. Il dispose d’un accès depuis la rue et des espaces extérieurs pour les élèves.
Au même niveau, la bibliothèque joue un rôle majeur par sa place centrale et sera le lieu de vie et de cohabitation entre les diffé- rentes unités. Elle sera accessible depuis l’entrée principale par un généreux escalier favorisant le double accès public et scolaire. La seconde cour viendra compléter la partie restante formée. L’espace de cantine occupera le rez-de-chaussée et l’étage sera dévoué au parasco- laire et aux devoirs surveillés. La dernière étape est constituée par l’implantation de la salle de gymnastique à l’arrière du collège en
relation avec les préexistences créant une cour à caractère sportive.
Dans cette conception du projet, l’ensemble des surfaces au sein des structures existantes et nouvelles répondent à ces es- paces référentiels de cour. Il s’agit de porter attention aux vis-à-vis et aux nuisances sonores. La hiérarchisation verti- cale participera à cette coexistence et cette richesse générée par les programmes. Dans cette optique, des réorganisations au sein de l’école existante sont nécessaires afin d’optimi- ser le nombre de salles de classe et de leur positionnement.
La salle des maîtres, l’infirmerie et le secrétariat trouveront place au centre afin de desservir au mieux l’ensemble du complexe. La recherche typologique s’est cristallisée par la mise en place des espaces majeurs (classes, salles d’activités) en pé- riphérie du plan et la circulation qui s’articule autour des cours. Cette déambulation, constituée par une série de halls, offre la possibilité à ces espaces secondaires d’être uti- lisés pour des activités d’enseignement et de vestiaires.
Les nouveaux édifices se caractérisent par des structures en bois avec des assemblages moisées. Elles façonnent l’expression et l’at- mosphère de ces nouveaux lieux. Des noyaux en béton garantissent la stabilité et contiennent les circulations secondaires. Cette pensée constructive recherche un certain archaïsme et économie. L’emploi du bois favorisera les ressources et le savoir-faire local et participera à cette volonté de créer un ensemble avec l’existant. Le revêtement extérieur en bois brut non traité s’insère dans cette familiarité, mais à la fois se détache par ces proportions et sa pose. La vision énergétique pourrait s’établir dans la suite de cette démarche par l’emploi d’une chaudière à pellets ou copeaux et des panneaux photovoltaïques pour favoriser l’approvi- sionnement en électricité verte. Les cours pourraient participer au système de ventilation de manière la plus naturelle possible.
Résultats du concours sur la plate-forme Espazium