Concours d’architecture
Centre archives et patrimoine
Chaux-de-fonds – Canton de Neuchâtel
Préambule
Le nouveau Centre d’Archives et du Patrimoine (CAP) du canton de Neuchâtel et de la ville de la Chaux-de-Fonds met au centre des préoccupations la question de la transmission de notre passé aux générations futures. La reconnaissance de la valeur de ce patrimoine se matérialise par l’actuel projet de construction / transformation d’un bâtiment dédié à cette unique fonction. Le nouveau CAP doit composer avec l’ambivalence de son programme qui est, pour une grande part, clos (les archives sont, par définition, des locaux fermés), et, d’autre part, ouvert au public qui vient les consulter. A cette complexité s’ajoute le fait que le futur bâtiment sera scindé en deux secteurs : les archives du canton d’un côté et celles de la ville de La Chaux-de-Fonds de l’autre.
Urbanisme
Situé dans le quartier en mutation des Anciens Abattoirs de la Chaux-de-Fonds, le projet porte une attention particulière à la formulation d’une réponse urbaine concrète à travers une volumétrie claire et compacte. Au sud, l’ajout d’une grande marquise à l’échelle de la Rue du Commerce complétera la future place située devant le nouveau bâtiment des Docks. A l’échelle de la ville, le CAP sera stratégiquement placé à la croisée des chemins : la Rue du Commerce d’est en ouest et la nouvelle passerelle piétonne du nord au sud.
Projet
Notre approche par rapport à la préexistence a été pragmatique : l’ensemble des archives prend place dans les grandes halles existantes, profitant des hauteurs sous-plafonds généreuses et créant ainsi une réserve de stockage. La partie sud du bâtiment actuellement composée de plusieurs cages d’escaliers, d’étages intermédiaires et de nombreuses cloisons, sera démolie pour faire place à une nouvelle construction qui répondra au plus juste à son usage administratif et public.
En plan, le projet se caractérise par trois secteurs distincts et juxtaposés : une zone sécurisée et inaccessible au public au nord (les archives et les ateliers), une zone semi-publique et publique au centre (l’administration et les espaces « lecteurs » et « tout public »), et enfin une zone généreusement ouverte sur la ville (la marquise) au sud.
En coupe, au nord, les espaces de stockage se superposent pour former un grand parallélépipède rectangle compact et borgne sur lequel reposent les ateliers vitrés. Au coeur du bâtiment, un atrium apporte une lumière abondante et crée un lien spatial avec la double hauteur de l’entrée principale. L’administration occupe les deux étages supérieurs et profite ainsi de la lumière comme d’une vue dégagée, tandis que l’espace « lecteurs » s’étend au niveau +1 où il jouit de la lumière naturelle tamisée de la marquise située juste en dessus. Au rez-de-chaussée, l’espace « tout public » est en lien direct avec l’espace couvert situé sous la marquise. Cette dernière, au sud, est le geste architectural qui permet au bâtiment de dialoguer avec la ville en offrant un espace à la fois ouvert au public et protégé des intempéries. Elle est caractérisée en toiture par une trame structurelle faite de vides et de pleins où les piliers qui la supportent font écho aux arbres qui la traversent. Afin d’offrir une protection maximale, une retombée est créée en périphérie.
L’accès principal du nouveau CAP se fera par un hall d’entrée de double hauteur qui permettra de relier par un grand escalier le rez-de-chaussée (café, musée et salle de séminaire) aux salles de lecture et à la bibliothèque, situées à l’étage. Les entrées de service des Archives de l’Etat de Neuchâtel (AEN) et de la Ville de La Chaux-de-Fonds (CDF) se feront sur les côtés est (CDF) et ouest (AEN) de la partie médiane du bâtiment. C’est à cet endroit également que seront concentrées les circulations verticales. Le déchargement se fera de manière dédoublée (un quai au nord-est pour CDF et un quai au nord-ouest pour AEN).
Les façades sont composées de grandes plaques en fibre-ciment préfabriquées (façade ventilée) posées légèrement de biais. Le choix de ce matériau vise à rappeler le passé industriel et brut du lieu. De plus, la structure existante est exprimée en façade par des éléments verticaux placés tous les 4,2 mètres et par des plaques horizontales situées à hauteur de tête de dalle. Cette expression formelle est une métaphore des multiples étagères qui, à l’intérieur du bâtiment, sont la raison d’être du projet.
Enveloppe thermique
Dans le but de respecter l’objectif Minergie-P mais également de protéger les locaux intérieurs au maximum de l’influence des variations climatiques extérieurs, le bâtiment sera enveloppé dans une couche de l’ordre de minimum 24 cm 30 cm?! d’isolation périphérique continue de manière à atteindre les valeurs cibles de la SIA 380/1 et à couper l’ensemble des ponts thermiques. Les ouvertures seront fermées. Il n’y aura ainsi ni pont thermique de dalle d’étage, ni pont thermique d’embrasure du côté des locaux d’archives. La partie de l’enveloppe la plus compliquée à traiter est le plancher bas. Au vu de la configuration du sous-sol (partiel avec un nombre important de cloisons porteuses), il nous apparait plus pertinent et efficace d’isoler la dalle du rez de chaussée par le dessus. Ainsi les ponts thermiques seront présents uniquement au niveau des piliers et du pied des façades. Ces mesures permettront également de garantir une température homogène dans les locaux.
Climat à l’intérieur des locaux d’archives
Le bâtiment dessiné est un cube et présente une excellente compacité, ce qui limite les surfaces d’échange avec l’extérieur. Aucun local d’archive n’a de contact direct avec la toiture qui aurait représenté la plus grande surface d’échange avec l’environnement. L’Enveloppe des locaux d’archive est parfaitement étanche et dépourvue d’ouvertures sur l’extérieur. La question de l’étanchéité à l’air sera traitée avec une attention particulière, l’exigence Minergie-P impose dans tous les cas des tests d’infiltrométrie mais des exigences renforcées pourront être exigées dans certaines parties du bâtiment pour assurer l’étanchéité vis-à-vis de l’extérieur mais également entre les affectations. Les échanges d’air induits par les ouvertures de portes seront limités par la mise en place de sas.
L’enveloppe thermique est améliorée par l’extérieur afin de conserver l’inertie thermique actuelle des locaux qui est de base relativement bonne. L’aménagement des locaux sera pensé pour conserver au maximum cette inertie. Le danger pour les archives c’est surtout l’humidité. L’idée est également d’essayer de limiter au maximum l’apport d’humidité des travaux en évitant autant que possible d’apporter de nouveaux matériaux de construction humides dans les locaux d’archives (béton, bois) ce pour protéger les premières années de vie du bâtiment les éléments stockés d’un excès d’humidité rejetée par les matériaux de construction.
En exploitation, le taux d’humidité sera géré par deux volets :
– adaptation du climat intérieur dans les locaux d’archives aux conditions saisonnières extérieures, autour de 15°C l’hiver (minimum 14°C) pour éviter que l’air ne soit trop sec, autour de 21°C l’été (maximum 22°C) pour éviter que l’air ne soit trop humide (objectif HR 40-55%) avec une variation saisonnière lente et progressive, la gestion de la température ambiante constitue le principal levier de gestion du taux d’humidité,
– uniquement en cas de besoin, apport d’air neuf dans les locaux lorsque les conditions climatiques extérieures sont propices.
Chaque détail du projet sera réfléchi de manière à maximiser l’inertie des locaux. Pour les nouveaux matériaux, ceux apportant de la masse ou participant naturellement à un équilibrage hygrothermique seront privilégiés. Cependant, avec ce type de matériaux, le résultat peut être contre-productif s’ils sont mal employés ou si les procédés de mise ne œuvre sont mal maitrisés. En phase projet comme en phase exécution, une attention particulière sera portée sur la maitrise du chantier par les mandataires et les entreprises.
Chauffage
La chaleur sera produite par le réseau de chaleur à distance de la Chaux-de-Fonds comme spécifié dans le cahier des charges. L’enjeu du projet réside surtout dans le choix de la diffusion de chaleur. Les locaux d’archives étant très bien isolés et disposant d’une forte inertie par leur enveloppe et les matériaux qu’ils contiennent, la diffusion de chaleur se fera par un plancher actif à basse température, ce système assurera le maintien d’un climat de base dans les locaux d’archives (15°C en hiver). Il pourra être complété dans des situations exceptionnelle (périodes très froides, relances) par un système plus dynamique à plus haute température constitué de convecteurs de sols qui seront activés uniquement en cas de dérive constatée (à vérifier en phase projet).
Refroidissement
Les locaux d’archive étant fortement isolés et dépourvus d’ouverture sur l’extérieur, aucun système de refroidissement actif n’est nécessaire. L’isolation et l’inertie des locaux suffiront à maintenir une température stable en été. En situation exceptionnelle, un apport de froid dans les locaux pourra être apporté par le système de ventilation via le chauffage de sol ou l’apport d’air neuf lorsque l’air extérieur est plus frais et présente un taux d’humidité adéquat. Ceci ne concerne pas les locaux spéciaux où les exigences sont accrues (local 655 par exemple).
Renouvellement de l’air
Les bureaux et locaux d’accueil seront ventilés au moyen d’un systèmes usuel à double-flux avec récupération de chaleur adapté au climat de la Chaux-de-Fonds et respectant l’exigence Minergie-P.
Pour les locaux d’archives, le système de ventilation sera asservi à des sondes CO2 et aux conditions climatiques intérieures et extérieures (température, humidité). Les besoins d’aération dans les locaux d’archives sont minimes, l’aération s’activera uniquement en cas de besoin et uniquement si les conditions climatiques extérieures sont propices et n’entraient pas une humidification ou un asséchement excessif de l’air intérieur.
L’enveloppe des archives sera parfaitement étanche. Le seul point faible se situe au niveau des portes d’accès. De sas étanches seront mis en place pour éviter les courants d’air lors de l’ouverture des portes.
Énergies renouvelables
Une gestion passive des énergies sera privilégiée. Le bâtiment sera chauffé par le réseau de chaleur à distance renouvelable de la commune. Le bâtiment sera équipé d’une production de froid uniquement pour le local high tech qui exige une température et une humidité constantes toute l’année. Nous proposons d’utiliser également cette production de froid pour le refroidissement passif par le sol en été en cas de besoin (épisodes extrêmes). Pour plus d’efficacité, nous proposons de recourir à une machine de froid à absorption . Les besoins électriques du bâtiment seront couverts par une installation solaire photovoltaïque en toiture qui couvrira l’ensemble des espaces exploitables.
Matériaux
Le choix des matériaux fera l’objet d’une attention particulière. La qualité environnementale des matériaux sera appréciée au regard de leur impact sur les ressources naturelles, énergie grise et CO2 mais le critère le plus important sera celui de la durabilité de ces matériaux dans le temps, en particulier pour les matériaux exposés aux intempéries. L’objectif est de limiter au maximum les besoins en entretien sur les 100 ans de durée de vie prévus pour le bâtiment.